Classroom of the Elite

L’explication derrière la publication tardive du light novel de Classroom of the Elite en France

Crédits de la bannière : Kui

Les light novels sont de plus en plus présents sur le marché français. 

Les précurseurs ont été SAO, Spice and Wolf et Overlord. Viennent ensuite Danmachi et Re : Zero. 

Classroom of the Elite est une œuvre très populaire auprès de la communauté. 

Ses fans attendent désespérément une publication française et finissent par se résigner.

Contre toute attente, la sortie du tome 1 de l’ouvrage est annoncée pour le 23 Février 2024. 

Retour sur une formidable histoire


Superbe fanart de Sumanth Madhu

Merci JNC Nina ! 

Avant de s’attarder sur les raisons du retard considérable de Classroom of the Elite, il est primordial d’évoquer le rebondissement conduisant à sa publication.

Une annonce surprenante tombe en Octobre 2023 : JNC Nina se charge de traduire la version numérique française du light novel. 

Il s’agit de la filiale européenne du J-Novel Club, un groupe affilié à Kadokawa.

Elle détient les droits numériques de l’ouvrage dont elle publie le premier chapitre le 14 Octobre 2023. 

Les chapitres suivants sont progressivement publiés et le tome 1 est achevé le 29 Décembre de la même année.

La nouvelle met les fans en émoi, et quelques jours plus tard, il est dévoilé que Mahô Editions possède un accord avec JNC Nina.

Ils se chargeront de la version physique de l’ouvrage.

Comment bénéficier de JNC Nina ?

Vous pouvez lire gratuitement les avant-premières de l'intégralité des séries sur la plateforme de JNC Nina. 

L'abonnement (5,49€ le mois, ou 60€ l'an pour les plus déterminés) vous permet entre autres de lire les histoires au fur et à mesure de leur publication.

Il est extrêmement rentable car JNC Nina possède un catalogue stratosphérique.


Logo de JNC Nina. ©Kadokawa

La traduction et la mise en page seront identiques. Le manga sera également disponible.

Bref, trêve de blabla, il est temps d'entrer dans le vif du sujet. Je vous expliquerai les différentes raisons de la publication tardive du light novel.

Une fantrad de Classroom of the Elite avancée

La fantrad de Classroom of the Elite est assurée par la team J-Garden. 

Entre parenthèses, un grand merci à Raitei et Coco du serveur Discord éponyme, car ils m’ont aidé à avoir la base de cet article. 

La publication des tomes est calquée sur le rythme japonais, donc la communauté est "à jour". 

Il s’agit en réalité d’un couteau à double tranchant, puisqu'une fantrad avancée fidélise le lectorat.

En effet, pour rattraper la version de J-Garden tout en soutenant le marché français, il faudrait acheter trente volumes. 

La dépense serait très élevée. De plus, le public affectionne beaucoup la version américaine.


Noël en avance grâce à JNC Nina. Fanart de Sign1707

Beaucoup de consommateurs préféreront continuer à lire en ligne plutôt que se procurer la version papier.

C’est la principale raison pour laquelle les fantrads sont vues d’un mauvais œil : elles concurrencent les maisons d’édition. 

Une œuvre ne possède qu’un seul et même public. Pour éviter cela, la traduction des light novels licenciés est illégale en France.

Un public cible trop jeune

Le public cible de Classroom of the Elite est essentiellement constitué d’adolescents. 

Il s’agit de personnes possédant un revenu limité, principalement basé sur l’argent de poche. 

Les tomes de light novel coûtent généralement quatorze euros, il faut donc une petite fortune pour s’offrir toute la collection. 

Investir sur la publication d’une œuvre pareille est un pari risqué, car les principaux concernés ne pourront pas assurer une rentrée d’argent régulière.


Les fans sont tellements jeunes qu'ils se voient comme ça. Fanart de theeditorpanda

Des illustrations problématiques

Classroom of the Elite est une œuvre possédant un grand casting de personnages féminins. 

Les illustrations présentes dans le roman léger les montrent assez souvent sous leur meilleur jour, pour des raisons de fan-service. 

Cet aspect est assez problématique pour le marché français en raison des lois en vigueur. 

Licencier l’œuvre de Kinu-sensei nécessiterait sûrement des censures. 

Toutefois, rien n'est sûr, étant donné que les maisons d'édition japonaises détestent ce genre de procédé.

De plus, certaines œuvres telles que Danmachi possèdent déjà des illustrations assez osées.

Classroom of the Elite pourrait très bien rejoindre cette catégorie.

Kadokawa

Les ayants droit de Classroom of the Elite, Kadokawa, sont très exigeants. 

Un ayant droit ait une personne possédant les droits d'auteur d'une œuvre, et étant ainsi habilitée à la manipuler à des fins lucratives.

Cette position peut être octroyée en raison d'une situation juridique, financière, fiscale ou encore familiale.

De plus, ils redoublent de prudence depuis le flop qu’a été la publication d’Index.

Index est un light novel détenu par Kadokawa, le géant japonais possédant 80 % du marché.

L’œuvre rencontre un gros succès au Japon avec des milliers d'exemplaires vendus lors de la diffusion de l’anime. 

Une prouesse digne de Sword Art Online.

La fantrad disponible en France avait créé une énorme communauté, occasionnant une demande élevée. 

La maison d’éditions Ofelbe (notamment célèbre pour SAO) hérite du projet. 

Toutefois, le début n’est pas accrocheur et la communication autour du projet est quasi inexistante.


Le logo du géant japonais. ©Kadokawa

La parution ralentit alors, entraînant un partage massif de la fantrad pré-existante. 

Le marché français devient auto-concurrentiel, et Ofelbe s’endette. 

L'"affaire Index" vient fragiliser la position des light novel en France. En effet, ils n'étaient pas très populaires de base, le public leur préférant les mangas.

Les ayants-droits préfèrent donc garder pour eux les grosses licences, car elles possèdent pour la plupart une fantrad conséquente et donc un fidèle lectorat.

La licence de Classroom of the Elite est très longue

Lorsqu’une maison d’éditions française s’engage à publier une œuvre appartenant à un gros bonnet nippon, elle est contrainte d'honorer son contrat jusqu'au bout indépendamment du succès commercial de la série. 

Il s’agit de l’une des raisons pour lesquelles le manga Kingdom n’est disponible dans l’Hexagone que depuis peu. 

Les maisons d’édition étudient donc soigneusement le marché afin de s’assurer de la rentabilité d’une licence avant de la publier.

Elles considèrent une licence  de light novel comme longue lorsqu'elle dépasse les dix tomes. Palier que COTE a franchi depuis longtemps.

Les light novels rapportent peu, et celui de Classroom of the Elite devrait compter une cinquantaine de tomes à la fin de Year 3.  


COTE, l'un des meilleurs light novels mais également l'un des plus longs. Fanart de theeditorpanda.

Des délais très longs

Le processus de publication de light novels en français est très long. 

Les maisons d’édition doivent d’abord négocier longuement afin d’avoir les droits d’exploitation d’une série. 

Chaque tome traduit doit ensuite être validé par Kadokawa, ce qui prend du temps. 

En prenant en compte les délais de diffusion et d’impression, il est rare que plus de deux tomes d’un même light novel sortent la même année en France.

L’étape détaillée est divisée en quatre principales parties. Il s’agit ; 

  • de la traduction,
  • de l’adaptation,
  • de la correction,
  • de la mise en page et de l'ultime relecture.

Tout ce processus prend environ six mois pour être fait correctement. Le délai alloué à l'impression est généralement égal à un mois.

Toutefois, étant donné que JNC appartient à Kadokawa, les délais seront réduits. 

Les sorties seront donc plus rapides comparativement à la concurrence.

Ainsi, JNC Nina affirme que le public peut espérer la sortie de trois tomes par an, à raison d'un tous les quatre mois.

Dans un light novel, la narration passe par une répétition redondante et une action très détaillée. 

Les adaptateurs ont pour rôle de remanier les phrases afin qu’elles "sonnent français".


French Koji. ©Risibank

Un marché peu lucratif

Le marché européen, et par extension celui français, ne fait pas partie des priorités en ce qui concerne les light novels japonais.

En effet, le processus est complexe. Il faut au préalable négocier une licence avec des intermédiaires. 

Petit bémol : ces intermédiaires privilégient les mangas, car ils sont plus populaires et plus lucratifs.

Les délais sont beaucoup plus longs pour les light novels, ce qui augmente la durée de négociation d’une licence. 

De plus, chaque tome doit être validé. Les maisons d’édition françaises souhaitant publier Classroom of the Elite doivent en théorie avoir le manga au préalable. 

En effet, ce dernier sert de promotion au light novel.


Fanart de Sign1707.

Un manga de faible qualité 

S’il est vrai que les animes servent à promouvoir les mangas, il est également avéré que les mangas font connaître les light novels. 

Le manga de Classroom of the Elite est peu qualitatif, donc les maisons d’édition n’ont aucune garantie que le light novel sera bien reçu. 

Ce qui justifie leur hésitation.

Quelle version devrais-je lire ?

Je vous conseille d'y aller au feeling, les deux se valent.

Le light novel de Classroom of the Elite possède quelques illustrations en couleur au début de chacun de ses tomes. 

JNC Nina ne les propose pas dans ses chapitres, préférant les intégrer à la version compilée.

Il est possible d'avoir un avant-goût de ces images avant de lire les tomes physiques. 

Il s'agit là de la principale différence entre les deux formats.


Une qualité de dessins vraiment au top. ©Ototo

Classroom of the Elite : l’heure de la rentrée 

Au final, la publication de Classroom of the Elite n’a été possible que parce que JNC Nina détenait les droits. 

Les maisons d’édition prennent donc moins de risque à le publier (car l’investissement est moindre) ce qui a motivé Mahô à se lancer.

C’était All Dark, j’espère que cet article vous aura plu. A la semaine prochaine !

Liens utiles

Article de Light Novel France sur la controverse autour de la fantrad:  https://www.lightnovelfrance.com/articles/18-fan-traduction

L’avis de Misogi sur le sujet : https://retrospring.net/@MisogID/a/110916518819737030

Un article très intéressant de Chôhime- Livres et papillons : https://chohimelethalya.wordpress.com/2022/03/24/papillon-en-passant-ladaptation-litteraire/

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