La censure dans les animes

L’ explication derrière la censure dans les animes

Crédits de la bannière : © Crunchyroll

Kingdom, saison 3, épisode 11. 

Le général Choutou de Qin vient d’abattre le généralissime de Han, Seikai.

Cette scène suscite la colère des fans du manga, car elle est un parfait exemple de la censure dans les animes.

En effet, dans le chapitre 303, Seikai avait littéralement été découpé en deux par la guandao de son adversaire. 

Son alter ego de l’anime a juste été assommé et est mort en conservant sa tête intacte. 

Un choix du studio Pierrot qui aura fait grincer les dents de plus d’un puriste !

Tout ceci sans compter le nombre de fois où les parties intimes des personnages sont masquées par de la fumée, des visages, des cœurs, des plantes, etc. 

Au grand dam des plus pervers d’entre nous.

Pourquoi est-ce que les animes sont-ils autant censurés ? 

Depuis combien d’années dure cette situation ? 

N’y a-t-il aucune alternative ?

Salut à tous, c’est le Dark. Aujourd’hui, nous parlerons d’un sujet qui fâche.

Avant d'entrer dans le vif de ce dernier, il est toutefois important d’expliquer le principe de diffusion des animes au Japon.


Ça se passe de commentaires. ©Shūeisha

La consommation des animes au pays du soleil levant

En France, lorsqu’un fan veut consommer un anime en 2024, il se dirige vers une plateforme de streaming. 

Toutefois, la situation au Japon est très différente.

En effet, en dépit des années, la télévision est encore très ancrée dans la culture japonaise, et même dans sa pop-culture. 

Lorsqu’un studio réalise un anime, il le vend à une chaîne de télévision (que j’appellerai diffuseur par la suite) qui se charge de le passer sur petit écran. 

Exception faite pour les hentais qui sortent directement en DVD pour des raisons évidentes. 

Le programme est alors censuré pour des raisons que j’expliquerai plus tard.


Ne vous inquiétez pas, il ne s'est rien passé. © Crunchyroll


Détail très important : les animes sont rarement rediffusés au Japon.

En effet, les studios capitalisent sur la version Blu-ray, qui contient tous les épisodes ainsi que, parfois, un ou deux OAV. 

De plus, les petites erreurs visuelles présentes lors de la diffusion sont rectifiées, et la censure est généralement peu présente.

Ce dernier paragraphe résonne peut-être en vous, car une version Blu-ray a récemment retourné Internet. 

Je parle bien entendu de l’épisode 17 de la saison 2 de Jujutsu Kaisen.

La quasi-absence de censure dans la version Blu-ray permet de satisfaire le fan qui était frustré lors de la diffusion. 

Ce dernier a parfois quelques surprises, comme avec l’Extra Stage 1 d’Initial D, un OAV. 

En effet, il est possible d’apercevoir l’entièreté de la poitrine de Mako lors de cet épisode. 

Pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas été diffusé à la télévision !



T'as cru que je te montrerais l'image, hein, petit coquin.  © Crunchyroll

Je m’écarte un peu du sujet initial, alors expliquons les motivations derrière la censure dans les animes.

Les raisons de la censure dans les animes

Deux principales raisons justifient la censure dans les animes.

Plus que plaire à tout le monde : ne braquer personne ! 

La première est le politiquement correct. 

Comme expliqué précédemment, les animes sont diffusés à la télévision. 

Et qui dit télévision dit à la portée des enfants. 

D’autant plus que ces programmes visent un public jeune (pour la plupart), il est important de ne pas traumatiser ledit public.

Cette situation posait surtout problème en France, le Club Dorothée étant contraint de censurer Dragon Ball afin de pouvoir le diffuser. 

L’émission finira d’ailleurs par mettre la clé sous la porte, car les programmes diffusés étaient jugés trop violents pour le jeune public.


Une censure classique de Dragon Ball. © Crunchyroll

Il s’agit par ailleurs de la raison du pictogramme -12 parfois précédé de l’inscription « Déconseillé aux moins de douze ans ». 

En introduisant ce disclaimer, les chaînes de télévision s’assurent une certaine immunité juridique.

Cette mesure ne suffit pas toujours, car le signe -16 n’a pas évité à Bible Black (n’essayez pas de suivre cet anime, il en va de votre santé mentale) de se faire supprimer des programmes télévisés.

Ces restrictions sont surtout valables en Occident, où la protection de l’enfance est profondément ancrée dans la culture. 

Les nippons ne placent pas de pictogrammes et préfèrent tout édulcorer.

Assurer un grand bénéfice

La seconde raison est financière.

Censurer un anime permet de le diffuser aux heures de pointe, soit l’après-midi. 

L’audience touchée est alors considérable, et l’audimat explose ! 

Je développerai davantage cet aspect dans les lignes à suivre.



El famoso pictogramme. © Arcom

La censure dans les animes : cas du studio d’animation

Peu de gens le savent, mais les animes sont les plus belles publicités au monde. 

En effet, ils sont conçus uniquement pour augmenter le nombre de lecteurs du manga.

Dans certains cas, ce nombre explose littéralement, comme avec Frieren, Les Carnets de l’Apothicaire et Spy × Family. 

En un sens, la saison 2 de The Promised Neverland n’était donc pas si catastrophique que ça, car elle a motivé les fans à lire le manga.

Faire un anime est une tâche peu rentable : il faut environ deux millions d’euros pour réaliser une saison de douze épisodes, et elle rapporte évidemment beaucoup moins. 

Les revenus de la licence se basent principalement sur les produits dérivés et les Blu-ray. 

Les studios d’animation n’hésitent donc pas à censurer certains passages, afin d’augmenter leur audience. 

De plus, ils sont pleinement conscients que la version Blu-ray leur permettra de se défaire de cette restriction. 

Finalement, tout le monde est gagnant !


Puisque je parle de Frieren... Fanart de SENA 8ito.

Sortir un anime sans le censurer reviendrait à le diffuser tard dans la nuit, lorsque les enfants sont endormis. 

Ce fut le cas de la première version de Berserk. 

Toutefois, une heure tardive équivaut à une faible audience. Le budget alloué au studio est donc moindre.

Ce dernier n’est pas le seul acteur dans la censure d’un anime.

La censure dans les animes : cas du diffuseur

Plus le diffuseur est grand, plus la censure sera forte. 

En effet, il est impératif de faire des concessions lorsqu’on veut plaire au plus grand nombre tout en évitant les problèmes.

Il n’est pas rare qu’un diffuseur modifie la cassette que le studio lui a vendue. 

C’est cette version modifiée qui est disponible en simulcast sur nos plateformes de streaming préférées.


Le logo de la Nippon hōsō kyōkai. © NHK

C’est la raison pour laquelle l’anime de Kingdom est autant censuré. 

SNK en a également fait les frais : le diffuseur NHK récupère les droits à partir de la saison 3. 

Une forte censure est alors appliquée sous la forme de fumée apparaissant pendant des affrontements entre titans.


Je ne parlerai pas de la chaîne américaine 4K!DS et de sa censure désastreuse de One Piece !

Il existe également une censure relative aux lois en vigueur au Japon.

Ainsi, les excréments et le vomi sont systématiquement floutés dans les animes.

Maintenant que nous savons pourquoi les anime sont censurés, il est grand temps de s’interroger sur la justesse de ce combat.

La censure dans les animes : un mal nécessaire ?

Personnellement, j’ai toujours détesté la censure pour deux raisons.


Nul doute que c'est pour les enfants. © 4K!DS

Un manque de respect envers l’auteur

Lorsqu’un auteur raconte une histoire, il jouit d’une liberté quasi-totale pour le meilleur et le pire. 

Il a le droit de choisir les tenues de ses personnages, leurs dialogues, etc.

Censurer une œuvre a un aspect quelque peu insultant, car cela revient à dire à l’auteur que son bébé n’est pas assez bien pour le public. 

J’ai beaucoup de mal à voir les bien-pensants s’amuser ainsi avec le fruit du labeur d’honnêtes citoyens.

Un dénaturage de l’œuvre

Lorsqu’il ne s’agit que de petites censures, le problème ne se pose pas vraiment. 

Toutefois, certaines modifications affectent le ton de l’œuvre, sa portée, son essence... 

Cela devient une œuvre différente.


Cette scène de l'épisode 38 de Pokémon est historique car elle a provoqué plus de 600 crises d'épilepsie au Japon. © Game Freak Creatures

L'aspect qui me dérange le plus avec ce procédé, c’est que l’attachement éprouvé n’est plus authentique. 

En effet, le spectateur n’aime pas le produit de l’auteur, mais sa version édulcorée !

Il aurait peut-être détesté l’œuvre sans tous ces changements. Selon moi, cet état de choses n’est ni plus ni moins qu’un mensonge.

Vous me direz probablement : « Oui mais All Dark, ce sont deux médias différents. Je peux très bien aimer le manga et pas l’anime ».

Chacun son avis, mais personnellement, j’aime quand les retranscriptions sont fidèles.

Verdict

Lorsqu’il écrit un manga, l’auteur ne dispose que du texte et de l’image pour faire passer son message. 

Il est donc parfois contraint d’en faire trop pour marquer le lecteur.


Les fans de Berserk savent à quel point cette scène est traumatisante. © Young Animal

L’anime quant à lui possède de nombreuses autres armes : les couleurs, les OST, le doublage, les jeux de lumière… 

Il n’est plus indispensable d’aller aussi loin visuellement que dans le manga pour transmettre la même émotion, sous peine de faire du gore gratuit.

Ainsi, une scène du flashback d’Ymir (la blonde) de SNK a été très censurée. 

Elle a tout de même affecté profondément un de mes proches, preuve que les armes supplémentaires de l’anime sont efficaces.

Je suis foncièrement contre la censure, mais force est de constater qu'elle est nécessaire. Il est primordial de protéger les plus jeunes. 

De plus, sans ces restrictions, certains animes n’auraient tout simplement pas été diffusés, car trop « hardcore ».

Il est désormais temps de conclure.


On termine avec un truc un peu plus chill. © Cartoon Network



La censure dans les animes : le mal-aimé de la famille geek

Afin de protéger le jeune public et de maximiser les bénéfices, la censure dans les animes est pratiquée plus que de raison. 

Cette situation, quoiqu’énervante et frustrante pour le puriste, est nécessaire à la pérennisation de l’industrie de la japanimation.

J’espère que cet article informatif vous plaira, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine.

C’était All Dark, merci.

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