Crédits de la bannière : Marina Portella
Oshi no Ko fait partie des rares mangas/animes dont je ne souhaitais pas parler sur Darkanime.
En effet, j’ai toujours détesté l’aimer.
Toutefois, après avoir longuement discuté sur Discord avec Raripion, ma compréhension de l’œuvre s’est accrue.
Je me suis dit qu’il serait dommage de ne pas partager mon savoir fraîchement acquis.
Nous y voilà.
Vous pensiez avoir tout compris à l’anime ? Étiez-vous convaincu qu’il n’avait plus aucun secret pour vous ?
Cette analyse Oshi no Ko viendra ébranler vos certitudes !
Si vous n’êtes pas à jour sur l’anime, vous risquez fortement d’être spoilés.
Une dernière chose : les parties de cet article sont étroitement liées entre elles, et interchangeables.
Soyez donc patients, et lisez-les en entier.
Accrochez vos ceintures, c’est parti !
Généralités sur Oshi no Ko
Oshi no Ko est un manga écrit par Akasaka Aka (l’auteur de Kaguya-sama : Love is war) et dessiné par Yokoyari Mengo.
L’œuvre est publiée au Japon auprès de la Shueisha depuis 2020 (15 volumes disponibles) et en France chez Kurokawa (seinen) depuis 2022 (douze volumes disponibles).
Elle est toujours en cours de parution.
L’anime est réalisé par le studio Doga Kobo et est présent sur le catalogue d’ADN.
La saison 1 est diffusée entre le 12 Avril et le 28 Juin 2023. Quant à la saison 2, elle est diffusée depuis le 3 Juillet 2024.
Oshi no Ko a pour genres drame, slice of life et Psychologique.
Les thèmes couverts sont ceux du cinéma, des idols, du théâtre, de la vengeance et de la Réincarnation/Transmigration.
Analyse Oshi no Ko : de quoi parle l’œuvre ?
Goro est un obstétricien opérant dans un hôpital de campagne.
Il a perdu une de ses patientes il y a quelques années.
Il s'agit d'une jeune fille nommée Sarina. Elle aimait plus que tout Hoshino Ai, une idol à succès et vedette du girls band B Komachi.
En sa mémoire, Goro est devenu un fervent admirateur d’Ai. Un jour, une terrible nouvelle lui parvient : la pop-star vient de mettre sa carrière en pause pour des raisons inconnues.
Peu de temps après, elle arrive dans son hôpital et il apprend la vérité : elle est enceinte et souhaite le cacher.
Cette rencontre bouleverse la vie de Goro de bien des façons…
Oshi no Ko est une œuvre montrant l'envers du décor d’une industrie haute en couleur et en mensonges.
Elle met l’accent sur la noirceur humaine, et le côté sordide du divertissement.
Analyse Oshi no Ko : éloge du mensonge ?
Oshi no Ko est une œuvre abordant en long et en large la thématique du mensonge. Je vais commencer par parler d’Ai, l’idol par excellence.
Hoshino Ai : « mentir, c’est cool »
Ce volet de l’analyse Oshi no Ko est concentré sur Ai Hoshino, la vedette des B Komachi.
Pour elle, le mensonge est la plus belle forme d’amour. Elle incarne la tromperie la plus spectaculaire de toute l'œuvre.
Ai affirme que le mensonge est l'essence même des idols, qu'il leur donne vie.
Selon elle, c'est le meilleur métier au monde. En effet, il est possible de mentir encore et encore, et de monter sur scène même quand tout va mal.
Ai cache à toute l’industrie l'existence de sa grossesse et de ses enfants.
Finalement, Hoshino Ai est le mensonge venu d’une étoile.
Tout le monde porte un masque
Oshi no Ko est une œuvre psychologique car elle explore profondément la psyché humaine.
Les êtres humains jouent constamment un rôle, consciemment ou non.
Ils ne disent pas tout de leur personne, et ne se comportent pas exactement de la même manière avec tout le monde.
D’où l’intérêt de l’arc du théâtre.
Quoi de mieux qu’une pièce de théâtre dans une œuvre arguant que la société est une mascarade? Autant pousser le vice jusqu’au bout !
L’arc de Tokyo Blade est donc particulièrement intéressant de par cet aspect « dissimulation de la véritable nature ». Il possède ainsi différents niveaux de lecture.
Dans cet arc, nous avons le point de vue des différents acteurs, mais également celui des auteurs des deux versions du script, du public, etc.
Chacun de ces points de vue nous offre une lecture supplémentaire et permet de faire avancer l’intrigue de manière assez subtile tout en développant les personnages.
Le mensonge vu par l’œuvre
Cette analyse Oshi no Ko révèle que dans l’œuvre, le mensonge est défini comme un élément omniprésent dans la société, pour le meilleur et pour le pire.
Il protège les individus, mais peut également les broyer.
Le mensonge a aussi une dimension particulièrement violente dans le récit.
C’est lui qui crée une étoile d’espoir (symboliquement représentée dans la pupille gauche) à Sarina. Cette étoile lui donne de la force.
Oshi no Ko dépeint Aqua en diagonale de sa sœur. Son étoile est à l'intérieur de sa pupille droite et est synonyme de damnation.
Enfin, l’étoile originelle, celle d’Ai, est à l’origine du sentiment de trahison ressenti par le fan qui vient lui rendre visite à la fin de l’épisode 1…
Oshi no Ko ne se contente pas de mettre à nu l’industrie du divertissement.
L’œuvre pose également son regard cru sur la société contemporaine. Elle est le miroir dans lequel nous avons tous peur de nous observer.
Vous ne l’aviez sans doute pas remarqué, mais ce côté « mensonge » est retranscrit de manière subtile dans un jeu de mots.
Comment s’appelle la troupe d’Akane, déjà ? Lalalai.
« Lala Lie ».
Le narrateur d'Oshi no Ko
Il s’agit d’un point très important de l’analyse Oshi no Ko : la présence d’un narrateur.
J’ai beaucoup de choses à dire à son sujet.
Qui est le narrateur ?
De nombreux animes possèdent un narrateur : Dragon Ball Super, Hunter × Hunter, Kaguya-sama etc.
En observant attentivement Oshi no Ko, nous remarquons la présence d’un narrateur dans l'œuvre.
Une fois ce constat fait, il ne reste plus qu’à trouver son identité.
Ironiquement, il fait partie des personnages.
L’histoire est principalement racontée du point de vue d’Aqua et a donc des biais.
C’est la raison pour laquelle les pensées de Ruby sont aussi peu nombreuses : la vision que le narrateur a de sa sœur influence la narration.
Il est alors important, presque nécessaire, d’avoir du recul sur le premier niveau de lecture (ce qui est agité sous nos yeux).
En effet, il ne s’agit que de la compréhension d’Aqua, certains éléments lui échappent. Les non-dits sont parfois plus significatifs que les éléments montrés…
Un booklet, sorti uniquement au Japon, accompagne l’épisode 1 de l’anime.
Il contient des pages d’interview des versions adultes d’Aqua, Ruby, Akane et d'une ancienne membre des B Komachi.
Un lecteur assidu et attentif aura remarqué qu’elles font écho au chapitre 152.
De plus, la saison 1 de l'anime comporte un épisode spécial. Beaucoup de détails sont présents dans son introduction et échappent à la plupart des spectateurs.
Ces différents éléments servent donc de foreshadowing, témoignant de la maîtrise de l’auteur.
Brève analyse d’un ending exceptionnel
Le dernier argument de cette partie concerne Mephisto, le premier ending de l’œuvre. Au passage, je le trouve meilleur qu’Idol.
Au cours de ce générique, vous pouvez apercevoir un lapin en peluche représentant Ai.
Il danse face à l’écran affichant l'événement tragique survenant à la fin du premier épisode.
Les fils rouges contrôlant la peluche comme une marionnette finissent par l’écraser et se muent en taches de sang.
Une subtile manière d’annoncer un destin sombre, les fans de Naruto savent que les fils rouges sont ceux du destin.
Les fils sont ensuite récupérés par Aqua.
Il s’agit d’une révélation. L’épisode 1, le prélude, nous a fait croire qu’Ai était le personnage principal de l’œuvre.
Toutefois, Aqua, en se saisissant des fils, reprend les choses en main. Il sombre et reste un genou à terre face à ce spectacle tragique.
Si l’ambiance de l’ending ne vous a pas convaincus, alors penchez-vous sur ses paroles.
Elles sont à la première personne et font part des pensées et désirs d’Aqua. Sachant que Mephisto est le nom d’un démon…
Une fois que j’aurai réalisé tous mes désirs, ah, une fois que je les aurai accomplis, je voudrais te voir. Alors, je fais un vœu à une étoile.
Aqua fait également référence au « niveau de perfidie d’Ai » et en est admiratif.
Rebelote dans l’opening 2, Aqua est le maître des paroles. Flemme d’en insérer quelques-unes.
Quant à l’ending, il est propre à Ruby et ne prendra sens qu’à la fin de la saison.
Une œuvre de fiction
Oshi no Ko est une œuvre de fiction.
Vous vous dites probablement : « C’est évident, All Dark, pourquoi tu fais une lapalissade ? ».
J’ai eu la même réaction quand Raripion me l’a dit, mais soyez patients !
Le premier épisode de l’anime commence en ces termes :
Cette histoire est une œuvre de fiction. Mais dans notre monde, tout n’est que fiction. On invente, on exagère, on cache tout ce qui nous incommode. Et ceux qui désirent ces mensonges plus que tout, ce sont les fans d’idols. Dans notre monde, le mensonge est une arme.
Rien qu’avec ces quelques phrases, le mot « fiction » prend un tout nouveau sens. Et c’est ce dernier qui nous intéressera dans cette analyse Oshi no Ko.
La première phrase peut être interprétée de plusieurs façons. Au sens littéral, déjà, étant donné qu’il s’agit de l’adaptation d’un manga.
Ensuite, elle prépare le terrain aux évènements surnaturels qui surviendront, à savoir les deux réincarnations.
Enfin, cette phrase est souvent présente sur les œuvres très réalistes, ayant des lieux et événements proches de la réalité. Elle crée donc une attente pour des choses ordinaires, des choses du quotidien.
La déclaration s’applique à la fois à l’anime que nous connaissons tant, mais également à l’histoire racontée par le narrateur à l’intérieur de l’anime.
C'est assez technique.
Vous avez peut-être entendu parler de Mion Mukaichi et Yuko Oshima. L’histoire de ces enfants stars fait penser à celle d’Arima Kana.
De plus, si vous êtes au courant du drame suivant la diffusion de l’épisode 6, vous comprendrez la profondeur de cette phrase.
Un numéro d’aide avait été affiché en fin d’épisode pour prévenir le suicide, mais ce qui retenait l’attention était la réaction de la mère de Hana Kimura.
En effet, l’histoire de sa fille ressemble beaucoup à ce qu’a vécu Akane dans l’épisode en question, à la différence près que la fin n’était pas heureuse…Elle s’est donc offusquée, considérant que l’œuvre se faisait de l’argent sur son malheur.
Oshi no Ko est une œuvre de fiction à cause de son rapport à la psychologie humaine.
La fiction est incarnée de diverses manières à travers l’œuvre, notamment via l’industrie du divertissement.
Le théâtre, le cinéma, les idols, Youtube, la télé-réalité, les Vtubers, les mangas, etc.
Plus loin dans le manga (attention spoil), une évolution historique est observée. Elle est nourrie de dynamiques de domination telles que le patriarcat, l’inceste, la culture du viol, la reproduction sociale et le lookisme.
Oshi no Ko est une œuvre de fiction parce qu’elle conte l’histoire d’Aqua, le narrateur.
En effet, à la fin de l’épisode 1, il s’exprime en ces termes :
Ainsi, le prologue se termina, suivi par un nouveau levé de rideau. Débutait alors l’histoire de ma vengeance.
Aqua nous raconte l’histoire de sa vengeance, et elle résonne tout particulièrement en ayant connaissance du contenu des derniers chapitres…
Analyse Oshi no Ko : extinction de Vénus
Oshi no Ko est une œuvre particulièrement profonde. Il est très difficile de cerner l’étendue du message abordé, à tel point que c’en est fascinant.
Cette analyse Oshi no Ko était longue, mais passionnante, j’espère qu’elle vous aura plu.
Sur ce, je vous dis à la semaine prochaine.
C’était All Dark, n’oubliez pas de porter un masque !
À la semaine prochaine !
Analyse Oshi no Ko